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La curiosité n’est pas forcément un vilain défaut, et si certaines demandes peuvent être indiscrètes ou indélicates, la plupart traduisent un esprit en éveil, qui s’intéresse et cherche à comprendre. Ils se tournent alors confiants vers papa et maman, qui pour eux ont bien sûr la science infuse.


CES POURQUOI QUI NOUS TRACASSENT

Avant de commencer, je souhaite rendre hommage, à tous ces parents, tontons et tantines qui reçoivent des pluies de « Pourquoi » au-dessus de leurs têtes, ces rafales de questionnements qui pleuvent à la minute et qui parfois sont impitoyables, nous amenant souvent à déconstruire des siècles de certitude.

 

Je voudrais rendre doublement hommage à ces Parents, tontons et tantines, qui parfois prennent la peine tant bien que mal d’apporter des réponses parfois bancales à ces pourquoi, qu’on aurait très vite fait de balayer du revers de la main avec un « Aka tu poses trop de questions, je suis fatigué », ou encore un « Va demander à ta mère », etc.

 

Quel parent n’a jamais été tenté de capituler face à la question venue derrière la réponse apportée à une question venue plus tôt après scanning des incohérences desdites réponses ?

 

Quel parent n’a jamais été tenté de renvoyer à demain un questionnement, espérant que le lendemain, ces interrogations ne seraient plus que vague souvenir ?

 

ET POURTANT,

Il n’y a pas plus cordon ombilical que ces « Pourquoi » proférés à longueur de journée. Ce pouvoir que nous donnent encore nos enfants de forger ce qu’ils sont, de les façonner, de les construire…




L’ÂGE DES POURQUOI


Edimo vient d’avoir 4 ans, il grandit vite, s’ouvre sur le monde et fait de nombreuses découvertes. Et dans la majeure partie des cas, il ne comprend pas forcement ce qu’il observe. Viens alors de nombreuses questions : Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi le monsieur a la barbe sur les mains ? Pourquoi on marche sur deux pieds alors que le chien sur quatre ? etc. Et le plus difficile c’est que chaque réponse qu’il obtient amène ensuite une nouvelle question. Cela peut parfois être très épuisant pour ses parents, qui ont tendance à éluder chaque question.

 

Edimo est dans ce qu’on appelle « L’âge des Pourquoi », comme beaucoup d’autres enfants, entre 3 et 5 ans, qui tentent de comprendre qui ils sont, et recherchent des repères dans l’espace et le temps. Pas toujours facile de répondre à leurs interrogations de manière claire et accessible ! Surtout lorsqu’il s’agit de questions sur le sens de la vie.

 

ALORS, QUE FAIRE FACE A TOUS CES POURQUOI ?

 

1) Toute question mérite une réponse

 

Quoi qu’il en soit, certaines questions nous embarrassent, parce que nous n’en connaissons pas la réponse ; ou parce qu’il s’agit d’un sujet complexe qui appelle de nombreuses nuances ; ou parce qu’elles nous semblent en décalage avec la maturité de l’enfant ; ou, plus simplement, parce que l’enfant nous interroge à un moment totalement inopportun. La tentation peut être grande alors de faire semblant de ne pas entendre et ensuite, feindre d’avoir oublié. Ou d’éluder le problème par un évasif « On verra ça plus tard » ou « va demander à maman ».

 

ET POURTANT,

Toute question appelle une réponse. Et pas n’importe laquelle ! Si nous usons de stratagèmes pour éviter d’avoir à répondre aux questions embarrassantes, nos enfants renonceront peut-être à nous interroger… mais iront chercher des réponses ailleurs, et probablement pas aux endroits les plus adaptés. Nous aurons perdu une belle occasion de remplir notre mission de parents et de gagner leur confiance.

 

2) Toujours donner les vraies réponses

 

Donner des réponses évasives ou erronées pour se débarrasser de l’enfant est une mauvaise idée. Donnez-lui les réponses les plus exactes possibles, car le jour où votre enfant se rendra compte de la supercherie, il perdra confiance en vous, et ira vers d’autres sources d’information. En outre, les enfants sont très sensibles au fait d’obtenir une réponse satisfaisante. Si ce n’est pas le cas, leur premier réflexe est de répéter la question posée. On en fait souvent l'amère expérience en tant que parent. Balayer le sujet avec une réponse évasive est le meilleur moyen de le faire revenir instantanément sur le tapis. Mais une réponse honorable ne clôt pas la discussion, bien au contraire. Elle aiguise la curiosité de l’enfant, aussitôt prompt à en poser une nouvelle.

 

3) Savoir le reconnaître quand on ne sait pas

 

Si vous ignorez la réponse à sa question, admettez-le tout simplement. Mais n’en restez pas là. Invitez-le à chercher la réponse avec vous, dans un livre ou sur Internet. Profitez-en pour lui faire remarquer que même les adultes continuent d’apprendre de nouvelles choses.

 

3) Lui renvoyer la question

 

Quand les enfants expliquent eux-mêmes les choses, c'est très utile pour eux et ils comprennent mieux. Alors, n’hésitez pas de temps en temps à lui retourner sa propre question : "Qu'est-ce que tu en penses, toi ?", "Pourquoi, à ton avis ?". Le laisser produire des explications, les plus farfelues soient-elles, est utile pour l’enfant. Si cela lui permet de réfléchir par lui-même, cela peut aussi aider les parents à rebondir. Félicitez-le s’il connaît la réponse et complétez-la s’il manque des éléments.




ET QUAND VOUS N'AVEZ PAS ENVIE DE REPONDRE...

 

À la fin d’une journée épuisante, vous n’avez pas toujours l’énergie pour répondre aux interrogations de votre enfant. Dans ces cas-là, gardez votre calme et dites-lui que ses questions sont excellentes, mais que votre tête est trop fatiguée pour trouver les réponses maintenant. Même chose s’il en est à sa douzième sous-question sur la mort. Vous pouvez alors lui demander d’essayer de se souvenir de ses questions pour que vous en reparliez plus tard.

 

Vous pouvez aussi ne pas avoir envie de répondre parce que la question traite d’un sujet avec lequel vous n’êtes pas à l’aise (mort, sexualité, guerre, maladie). L’utilisation de réponses courtes vous aidera à en discuter plus simplement. Si vous vivez des moments pénibles et vous sentez incapable de répondre, dites à votre enfant que vous répondrez plus tard ou demandez à une autre personne de le faire à votre place.

 

Car n’oubliez jamais ceci :

  • Derrière chaque pourquoi, il y’a un enfant qui veut savoir davantage;
  • Derrière chaque pourquoi, il y’a un enfant qui s’émerveille;
  • Derrière chaque pourquoi, il y a un enfant qui souhaite apprivoiser le monde;
  • Derrière chaque pourquoi, il y’a la déconstruction de nos incohérences;
  • Derrière chaque pourquoi, il y’a une intelligence qui s’exprime;
  • Derrière chaque pourquoi, il y’a un être humain, créature parfaite du Divin, dans toute sa complexité;
  • Derrière chaque pourquoi, il y’a l’amour, l’amour d’un enfant pour son parent;


Et derrière chacune de vos Réponses, un héritage inestimable.

 

Le jour où ils cesseront de vous demander POURQUOI, sachez que vous ne faites plus partie de leur source d’apprentissage.

 

Le plus bel amour que nous pouvons leur offrir, c’est de nourrir les Pourquoi.


 Armelle Touko


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